Mardi 20 juin 2023, le Collectif En Vérité a réuni au sein de la verrière du 127, dans un lieu innovant et inspirant :
- Jean David Zeitoun, docteur en médecine et docteur en épidémiologie clinique
- Serge Hercberg, épidémiologiste, professeur, spécialiste de la nutrition en santé publique, dont les travaux sont à l'origine du Nutri-score
- Richard Ramos, député du Loiret (Modem), impliqué sur les sujets agro-alimentaires et additifs
mais aussi de belles marques comme d’Aucy, Yoplait, Candia, Priméal, Bravo Hugo, Les Compagnons du Miel, Quintesens, .nod, Gerblé, Bel, Omie, Funky Veggie, Nudj, Alpina Savoie, Céréal Bio, Soy, et bien d’autres acteurs pour parler Nutri-score et étiquetage nutritionnel !
La démarche du Collectif s'inscrit dans le temps long, le compromis et la ténacité. Avec ces 3 ingrédients, et collectivement, nous réussirons à faire changer les choses.
Les constats scientifiques sont indéniables : la qualité de l'alimentation peut être à l'origine de certaines maladies d'origine alimentaire : obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires. L'ultra-transformation fait partie des sujets majeurs à adresser. La demande pour plus de naturalité est croissante, l'offre va devoir s'adapter. Il est nécessaire :
Jean-David Zeitoun, docteur en médecine et docteur en épidémiologie clinique a récemment publié "Le Suicide de l'Espèce", livre dans lequel il explique la corrélation entre les maladies actuelles (obésité, diabète, risques cardio-vasculaires) et les activités humaines / industrielles.
L'ultra-transformation est pointée du doigt dans le livre, comme un vecteur de risques (au même titre que la pollution, le tabac, l'alcool, la drogue).
L'obésité, avec la pollution, fait partie des 2 pires risques pour notre société actuelle (5 millions de morts par an), et on ne sait pas la faire baisser.
En cause : les quantités et la sédentarité, mais aussi, et surtout la qualité de l'alimentation, et notamment les produits ultra-transformés.
Pour lutter contre ces fléaux, le Nutri-score est essentiel, il a déjà fait ses preuves et il fonctionne. Il est nécessaire de le faire évoluer avec la prise en compte de l'ultra-transformation (c'est en cours). Mais Jean-David Zeitoun préconise de ne pas attendre qu'il soit parfait pour l'utiliser et le rendre obligatoire.
Selon JDZ, il faut même aller plus loin que le Nutri-score via la régulation et la taxation (car le Nutri-score appelle uniquement à la responsabilité des individus). Les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer (au-delà de rendre le Nutri-score obligatoire) :
- Via une régulation de l'offre : interdiction de certains produits trop toxiques ou limitation de la concentration de certains produits toxiques, limitation de la part de produits ultra-transformés dans les points de vente (ces derniers représenteraient aujourd'hui environ 80% de l'offre ! ), interdiction de la publicité sur les produits ultra-transformés peu nutritifs, interdiction de la vente de produits ultra-transformés à proximité des écoles, dans les transports et les hôpitaux.
- Via l'économie : grâce à un jeu de taxation, en rendant plus accessibles les produits frais, et moins accessibles les produits ultra-transformés.
Le rôle des marques alimentaires dans tout cela ?
Le mouvement pour la transparence est en marche. Le Collectif En Vérité va grandir et embarquer tous les acteurs. Il ne faut pas attendre qu'un référentiel soit parfait pour le mettre en œuvre : il faut que chaque marque adopte le Nutri-score.
Pour visionner les temps forts de la table ronde :
Le Nutri-score validé en 2014 est un score fait pour évoluer au fil du temps en fonction des avancées scientifiques, de l'évolution de l'offre et de la compréhension consommateur.
Des évolutions sont en cours au sein de certaines catégories d'aliments solides et liquides (viande, boissons, huiles, poissons gras, etc.). Cette évolution sera mise sur le marché fin 2023 et adoptée par les adhérents du Nutri-Score avec une période de transition de quelques mois.
Des évolutions auront lieu ensuite tous les 3-4 ans.
Lors de chaque évolution, des tests sont faits pour garantir la variabilité des notes sur une même catégorie de produits (critère différenciant).
Quid de l'ultra-transformation ? Des réflexions sont en cours pour intégrer un bandeau noir autour du Nutri-score pour les produits contenant des ingrédients NOVA 4, identifiés comme à risques par plus de 70 études scientifiques.
Il est aujourd'hui impossible d'intégrer l'ultra-transformation dans le calcul direct du score, car la composition nutritionnelle et les additifs / l'ultra-transformation sont deux dimensions qui se chevauchent mais ne sont pas colinéaires : un produit peut être A en terme de composition nutritionnelle mais être ultra-transformé et l'inverse existe aussi (un produit brut ou peu transformé peut être classé E en terme de composition nutritionnelle).
L'objectif est de réduire la consommation des aliments ultra-transformés, et au sein de ces derniers, de choisir ceux qui ont la meilleure composition nutritionnelle. Le bandeau noir adossé au score doit permettre cela.
Quid de la portion ? Il est impossible d'établir des portions standards car une portion est faite pour répondre à des besoins qui eux-mêmes évoluent selon le sexe et l'âge. Fixer 100g permet d'éviter tout biais de portion (ex. Twix : 1 portion = 1 barre...) et de pouvoir comparer les produits d'une même catégorie entre eux (ex. 100g d'emmental vs. 100g de ricotta).
"L'approche à la portion est un moyen de fausser et d'empêcher de rendre comparable les produits entre eux."
Quels leviers pour modifier les comportements des consommateurs ?
Au-delà du Nutri-score,qui ne pourra pas résoudre tous les problèmes nutritionnels à lui-seul, il faut :
- Réglementer la publicité et notamment interdire celle sur les produits ultra-transformés peu nutritifs
- Rendre plus accessibles les aliments meilleurs nutritionnellement et moins accessible la junk food, via des mécanismes de taxation / subvention et mettre en place des mesures sociales pour rendre les aliments sains plus accessibles à tous
- Améliorer la qualité nutritionnelle de l’offre, en fixant des limites (en terme de sucre, de sel et de gras) et réduire la variabilité de l'offre
- Nettoyer les logos et n'autoriser que ceux fondamentaux pour la santé et l'environnement.
Le rôle des marques alimentaires ?
Afficher le Nutri-score, et participer à la communication envers les consommateurs pour que dans le débat publique soit reconnu comme illégitime le fait que les marques ne jouent pas le jeu de la transparence : c’est un droit des consommateurs, c’est un devoir des organisations économiques.
"Il faut porter cela dans le débat publique, que ceux qui refusent de jouer le jeu de la transparence soit pointé du doigt".
Pour visionner les temps forts de la table ronde :
Richard Ramos nous met en garde : le poids des lobbys est bien plus fort que le politique. Ils arrivent généralement à leurs fins en utilisant systématiquement 3 techniques :
Mais, tout est une question de temps et de ténacité. Serge Hercberg va gagner, le Nutri-score doit être obligatoire.
Selon Richard Ramos, le travail du Collectif En Vérité est primordial. La demande sera plus en naturalité et l'offre devra s'adapter. Le mouvement est en marche.
Les combats doivent être menés en France et au Parlement Européen. Quid de supprimer les produits du terroir (AOP, etc.) de l'évaluation Nutri-score pour avoir une chance de succès.
Le rôle des marques alimentaires ?
1/ Travailler ensemble au Parlement. Sur ces sujets, on doit pouvoir trouver la majorité, mais c'est un chemin compliqué pour amener un texte au vote (temps long et ténacité)
2/ Réfléchir ensemble à un manifeste du bien-manger en France avec des députés de plusieurs bords, des associations, des scientifiques pour les présidentielles 2027 (et inclure des réflexions sur l'éducation au goût)
Pour visionner les temps forts de la table ronde :
Pour visionner l'intégralité des échanges vous pouvez cliquer ici ou sur la vidéo ci-dessous